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En publiant un recueil de nouvelles à dix-sept ans puis un premier roman à vingt, Cécile Coulon a vite été considérée comme une auteure prodige, dotée d’un imaginaire très sûr porté par une plume ciselée. En l’invitant pour son deuxième roman Le roi n’a pas sommeil qu’elle situe dans une campagne américaine, nous avons rencontré une jeune femme déterminée, assumant ses choix narratifs et son univers très rural, hérité de ses origines auvergnates. Si sa jeunesse pouvait la rendre insolente, il se dégageait d’elle une réelle spontanéité doublée d’une belle témérité. Ce fut également la seule fois où je trouvais chez un auteur une passion commune et une connaissance accrue de l’œuvre de Luc Dietrich (voir article sur Dietrich par Frédéric Richaud) sur laquelle elle travaillait pour son mémoire de maîtrise de lettres.

Avec Trois saisons d’orage, son cinquième roman, le talent de la jeune femme se confirme. Nous nous décidons pour une nouvelle rencontre et cessons de la considérer comme la fille prodige pour questionner ses aspirations et inspirations littéraires. Car, une nouvelle fois, elle propose un roman très rigoureusement construit qui révèle que Cécile Coulon est entrée en littérature en se passionnant pour la lecture. Intrigue romanesque solide, ambiance rurale plausible bien qu’inventée, nul doute qu’elle fait preuve d’un sens aigu de l’observation et d’une imagination bien nourrie. Elle campe son histoire autour d’un jeune médecin qui, n’ayant pu sauver un enfant, se met instinctivement au service d’une population abandonnée d’ouvriers. Une façon de payer sa dette sûrement. À partir de là, elle embarque deux générations dans une histoire riche de secrets et de passion mais aussi pleine de bienveillance. De nombreux personnages ainsi que les lieux clés de cette terre reculée servent magnifiquement la trame du livre, faite de renaissance mais aussi de drames sourds.

Comme ses romans, Cécile Coulon se présente aux lecteurs avec passion, générosité et une curiosité qui peut sembler parfois naïve. L’exercice de la rencontre la réjouit de façon évidente et son univers très riche la rend absolument fascinante. Passionnée par la poésie et la musique tout autant que par la littérature, elle ne tarit pas de sujets de conversation qu’elle aborde avec enthousiasme. Une telle richesse et une telle énergie laissent songeur…