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La parution du livre de Tanguy Viel, Article 353 du code pénal, en 2017, est l’occasion rêvée de faire découvrir aux lecteurs de la librairie un auteur que je suis depuis longtemps. C’est idéal parce que ce roman a plusieurs vertus. Si Tanguy Viel aime jouer avec les codes littéraires, il tient là un sujet qui colle parfaitement avec sa façon de traiter le polar en commençant par la fin.Comme son confrère de la chronique précédente,le choix du monologue – même de la confession– rend le roman compact, resserré et emporte le lecteur d’une traite dans une histoire de meurtre où l’on ne cherche pas à savoir qui a tué qui(puisqu’on le sait dès le début) mais quel processus manipulateur finit par mettre un homme ordinaire et modeste dans un péril si inextricable qu’il n’a plus le choix que de passer à l’acte.

Le grand talent de Tanguy Viel, déjà éprouvé dans L’Absolue Perfection du crime et Paris-Brest, est de contextualiser son intrigue pour qu’elle dépasse très largement le règlement de comptes. Baigné dans l’atmosphère d’une petite ville de Bretagne des années 90, le roman sait rendre une certaine sociologie de province comme ont su le faire en leur temps un Simenon ou un Chabrol et où la séduction et la perversité d’un promoteur immobilier véreux ont toutes les chances de trouver un terreau fertile. Le style de Tanguy Viel sait parfaitement se confronter aux personnalités complexes et aux engrenages qui dérapent. On sait tous identifier ce type de personnes dans la vraie vie et on prend en général soin de les éviter. Article 353 du code pénal nous fait mesurer leur degré de dangerosité.