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Avec ce roman, Thomas B. Reverdy nous fait toucher du doigt l’un des phénomènes les plus symptomatiques de notre début de XXIe siècle, la faillite de la ville de Detroit aux États-Unis. Ce roman lui a été inspiré par un travail photographique réalisé par Yves Marchand et Romain Meffre autour des ruines dont celles de Detroit. Ce remarquable regard esthétique sur les ruines de notre propre civilisation est évidemment troublant, ayant quelque chose de post-apocalyptique en même temps que témoin d’un système qui s’effondre aujourd’hui. Mais le roman de Thomas B. Reverdy n’est pas un ouvrage de science-fiction. La porte d’entrée dans la découverte de ce lieu improbable est l’arrivée d’un ingénieur français qui débarque pour superviser un projet automobile. À partir de son installation et de ses rencontres, on entre dans un roman-documentaire plutôt réaliste. Thomas B. Reverdy a composé son histoire sans se rendre à Detroit.

Ce n’est qu’après sa publication qu’il visitera la ville, en y reconnaissant certains décors du livre, nés au départ dans son imagination. C’est son roman précédent, Les Évaporés, qui a déclenché l’envie de l’inviter. Autre roman très contemporain, inspiré cette fois-ci par les disparitions volontaires au Japon. Puis il y eut un reportage avec Sylvain Venayre autour du Jardin des colonies, promenade érudite mais critique de notre rapport à la colonisation. Enfin, L’Hiver du mécontentement, publié en 2018, est un retour sur l’histoire anglaise, une grève sans précédent qui annonce le thatchérisme et le basculement dans l’ultra-libéralisme à la fin des années 70. Entre reportage et fiction, Thomas B. Reverdy est un véritable témoin de notre monde, qu’il expose et interroge sans cesse. C’est aussi l’un de nos romanciers les plus prometteurs.