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A l'occasion de l'anniversaire de la librairie en 2019, nous avons édité et offert un livre de souvenirs. Voici donc les meilleurs moments de rencontres de nos dix premières années...
François-Guillaume Lorrain – L’Homme de Lyon – Grasset
24 mai 2011
Un jour de janvier 2011, le téléphone sonne à la librairie. François-Guillaume Lorrain qui vient de publier L’Homme de Lyon chez Grasset me demande s’il serait possible d’organiser une rencontre avec lui à La Voie aux Chapitres. La demande est formulée avec courtoisie. Je ne connais pas cet auteur et n’ai pas lu ce livre. Je me demande bien pourquoi, alors qu’il est édité dans maison renommée, il frappe à la porte d’une librairie minuscule qui n’a pas encore deux ans et demi d’existence. Cela me paraît maladroit pour assurer une belle promotion de son roman mais je vais vite comprendre que là n’est pas l’enjeu. Avant de m’engager, je lui demande trois jours pour découvrir le livre et donner ma réponse quisera résolument positive.
François-Guillaume Lorrain est avant tout journaliste, chroniqueur et critique de cinéma. Quelques jours avant sa mort, son père, alors très malade et sous de hautes doses de morphine, a tenté de lui révéler un secret de famille. Mais la confusion de son esprit n’a pas permis à François-Guillaume de distinguer la part de vérité de la part de délire. Second fait troublant, la mort de son père va avoir des conséquences inattendues au sein de la famille. Commence alors pour François-Guillaume Lorrain une longue enquête sur ce passé trouble, découvrant à la fois une part de vie inconnue, située dans une ville tout aussi inconnue de lui. Archives, journaux locaux de la fin de la Seconde Guerre, témoins de l’époque, François-Guillaume rassemble tout ce qu’il peut pour comprendre cet épisode et ses secrets. Puis il décide de mettre en scène dans L’Homme de Lyon cet héritage qu’il n’est pas parvenu à élucider totalement. La rencontre sera évidemment passionnante puisque son roman est un véritable polar historique et pour nous, lecteurs, le contexte de la ville de Lyon familier. De plus, sa plume journalistique sert fort bien le propos. Mais c’est à ce moment-là que sa démarche initiale me paraît claire. En multipliant les rencontres à Lyon, François-Guillaume augmente les chances de rencontrer d’autres témoins de cette histoire. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci…
Quelques années plus tard, je soumets L’Homme de Lyon à un groupe de lecture organisé conjointement avec le Centre régional de prévention que nous avons co-animé pendant six ans avec mon amie Catherine Roos, psychologue. Ce groupe a vocation d’accompagner des personnes dans leur avancée en âge, en créant des temps d’échanges autour de lectures communes. Dans la dernière partie du roman, François-Guillaume Lorrain décrit le bombardement du 26 mai 1944 visant les voies ferroviaires et détruisant une grande partie du début de l’avenue Berthelot. Deux participantes, en exprimant avoir vécu cet événement, font part de leurs souvenirs précis et réalisent qu’elles fréquentaient alors la même école !