Éditeur et poète, éditeur de poètes, Bruno Doucey n’en est pas moins romancier. Il y a trois ans, nous découvrions son roman Ne pleure pas sur la Grèce édité dans sa propre maison. Il y était question de Yannis Ritsos et du coup d’état de 1967. Avec Indomptables, Bruno Doucey explore des personnages d’aujourd’hui pour qui la découverte et la pratique sportive fonctionnent comme une trêve dans un contexte résolument contemporain. Pour eux, la défaite n’est pas une option, le sport est une échappatoire, un moyen de déplacer l’espace du conflit sur une scène symbolique.
L’un est boxeur, champion du monde poids lourds, né dans les immensités de l’ex-URSS, et se bat pour son pays, l’Ukraine. L’autre, népalaise des contreforts de l’Himalaya, devenue enfant soldat, accède au sommet des courses d’endurance et remporte le Marathon du Mont-Blanc. La troisième est grecque et se terre dans les environs de Marioupol où elle a donné rendez-vous aux deux premiers qu’elle a invité.e.s pour un colloque. Trois personnages en quête de liberté, trois indomptables dont les chemins se croisent, inéluctablement, dans une furieuse envie de vivre.
Comment échapper à la vie que les autres, l’Histoire, les guerres ou l’idéologie, ont tracée pour nous ? Sous la plume de Bruno Doucey, l’esprit de résistance ne cède pas un pouce de terrain à la raison du plus fort. Avec Indomptables, l’écrivain nous offre un sublime roman sur l’effort, le dépassement de soi et la puissance de nos imaginaires.