Autant le dire d’emblée, le dernier roman de Brigitte Giraud est, en cette rentrée littéraire, un coup de cœur aussi absolu qu’inattendu. Inattendu car en 2001, elle avait déjà publié le récit tragique qui a fait basculer sa vie dans A présent, qui relatait la mort de Claude, son compagnon, dans un accident de la route en 1999. Plus de vingt ans plus tard, alors qu’elle vend la maison qu’ils venaient d’acheter juste avant le drame, Brigitte Giraud nous invite à revisiter cette histoire en décortiquant la succession des événements qui se sont déroulés juste avant ce 22 juin et ont conduit à l’inéluctable. Ainsi, elle nous convie à son dernier tour du propriétaire et tente d’élucider les questions qui, jusque là, sont restées sans réponses… Destin, coïncidences, hasard ? Et si…
Toute mort prématurée et donc inconcevable pour les proches, déclenche chez eux un inévitable retour en arrière qui cherche à transformer un scénario tragique en y insérant les hypothèses qui auraient pu en faire changer le cours. C’est un réflexe logique face à l’inacceptable. Brigitte Giraud pose en principe d’écriture l’exposition de ces hypothèses dont elle fouille et déplie chaque détail. Elle précise tous les enchainements de ce quotidien apparemment banal mais qui de façon souterraine a lancé son engrenage jusqu’à son point de non-retour. Dans la construction ainsi contrainte de son récit, Brigitte Giraud pousse ses investigations jusqu’à leurs dernières limites et réanime miraculeusement ce que fut cette vie, la leur et le contexte de la fin des années 90.
Vivre vite est un roman consolateur et lumineux dans tous les sens du terme. Un véritable coup de maître !